Soutenir la transition de l’agriculture calédonienne vers un modèle plus durable et résilient à l’ère du changement climatique

Alors que le changement climatique continue d’affecter la région du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie s’engage dans la transition agroécologique via, en autres, une meilleure valorisation de ses gisements de matières organiques et le développement de l’agroforesterie. Avec l’appui du projet PROTEGE, financé par l’Union européenne et mis en oeuvre par la Communauté du Pacifique, la Nouvelle Calédonie soutient des systèmes agricoles durables et résilients, mieux adaptés, pour faire face aux défis posés par le changement climatique. Découvrez comment ce projet promeut un modèle d’agriculture résiliente tout en améliorant la durabilité des systèmes alimentaires.

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Le changement climatique a un impact majeur sur le secteur agricole de la Nouvelle-Calédonie. Alors que les températures augmentent et que les précipitations deviennent plus imprévisibles, les agriculteurs font face à de nouveaux défis : baisse des rendements des cultures, augmentation des coûts de production, risques de catastrophes naturelles… Comment engager la transition des filières agricoles vers un modèle plus durable face aux aléas climatiques ?

Afin de protéger leurs cultures et leurs moyens de subsistance, les agriculteurs doivent adapter leurs pratiques aux nouvelles tendances climatiques. Le recours à des variétés plus résistantes à la sécheresse, l’augmentation de la diversité dans les champs, l’amélioration de la fertilité des sols et l’optimisation de la gestion de l’eau agricole peuvent toutes contribuer à engager une transition vers l’agriculture durable.

L’Union européenne, la Communauté du Pacifique et les acteurs concernés des Pays et Territoires d’Outre-mer (PTOM) du Pacifique déploient le projet PROTEGE sur la période 2018-2024afin de soutenir le territoire dans l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations-Unies.

 

  • La Nouvelle-Calédonie, une terre agricole

Elle comptait environ 4 500 exploitations agricoles selon le recensement général agricole de 2012 et occupait 12 % de la surface terrestre du territoire. Sur la côte Ouest, les exploitations sont grandes et peu nombreuses ; dans le Sud, les Îles et sur la côte Est, elles sont de petites dimensions mais en plus grand nombre.

La portée du monde agricole en Nouvelle-Calédonie est vaste et variée. Ainsi, on retrouve aussi bien des productions vivrières communes aux autres Îles du Pacifique comme les tubercules tropicaux (tarots, ignames…), mais également plus tempérées comme les pommes de terre, carottes, choux et autres productions maraichères. La Nouvelle-Calédonie a aussi une longue tradition d’élevage bovin extensif ainsi qu’une industrie de la pêche commerciale. Si le secteur agricole ne représente que 2 % de l’économie du pays, il fournit des emplois à des milliers de personnes qui, habitant en brousse et aux Îles, contribuent au rééquilibrage démographique et économique.

Clément Gandet, coordinateur agriculture et foresterie du projet PROTEGE à la Communauté
du Pacifique, explique :

« Au cours des dix dernières années, les agriculteurs du pays ont vu leurs productions impactées par les effets entre autres, du changement climatique et sont en forte demande de solutions et pratiques éprouvées localement. Le projet PROTEGE les accompagne ainsi sur ce défi pour élaborer avec eux des systèmes agroécologiques viables, techniquement validés et réplicables sur tout le territoire. »

 

  • Valoriser les gisements de matières organiques pour améliorer le capital « Sol » de la Nouvelle-Calédonie

De par son climat, la Nouvelle-Calédonie a une importante production de biomasse. Les élevages porcins et avicoles sont également une importante source de matière organique à valoriser. Ces gisements représentent un fort potentiel pour maintenir et augmenter la fertilité des sols. La valorisation de ces gisements est aussi une opportunité pour réduire la dépendance de l’agriculture calédonienne aux engrais et amendements importés pour une bonne partie d’Europe.

Cette valorisation passe par un accompagnement des entreprises locales qui valorisent ce gisement, regroupées au sein du Cluster Valorga. Les principaux produits des adhérents de Valorga sont ainsi testés afin de produire des références technico-économiques pour conseiller les agriculteurs qui souhaitent les utiliser. La Chambre d’agriculture et de la pêche (CAPNC), avec le soutien de PROTEGE, a également créé une base de données regroupant l’ensemble des résultats des analyses des sols calédoniens et des valeurs des engrais et amendements locaux.

 

  • Promouvoir l’agroforesterie pour renforcer la biodiversité

L’agroforesterie est une forme d’agriculture qui correspond aux pratiques millénaires des océaniens d’associer de nombreuses cultures et plantes compagnes rendant des services (fertilité, éloignement des ravageurs…). Ainsi, on retrouve dans les parcelles agroforestières une grande biodiversité végétale sur plusieurs strates (arbres, arbustes, plantes annuelles) qui permet de fournir une grande diversité de plantes vivrières mais aussi à forte valeur ajoutée comme le cacao, le café ou encore le poivre.

C’est dans cette biodiversité que se trouve la forte résilience de ce système agricole qui permet de passer les épisodes de trop fortes ou trop rares pluies avec moins de pertes. Cela est aussi dû à la biodiversité dans le sol, via les relations entre les arbres et les mycorhizes (champignons du sol) qui augmentent la zone de sol apportant de l’eau et des éléments nutritifs aux plantes.

  • Valoriser les savoirs et l’apprentissage entre paires

Quand on parle d’agroécologie, ce n’est pas que de la technique agricole. C’est aussi une approche plus horizontale du savoir et de sa diffusion. Ainsi PROTEGE soutient la valorisation des savoirs des agriculteurs via des techniques, comme le « Tracking de l’innovation » qui permettent de repérer, évaluer des pratiques, en particulier traditionnelles, qui ont un intérêt d’être diffusées en l’état ou d’être consolidées. Leur diffusion est aussi encouragée entre agriculteurs, sur la base des pratiques évaluées et documentées. Les techniciens ne sont donc plus les sachants apportant les connaissances mais plus des animateurs ou des facilitateurs des échanges de pratiques. Les formations organisées se déroulent par conséquent en priorité dans les fermes de démonstration en agroécologie du réseau PROTEGE avec des agriculteurs témoignant de leurs pratiques quotidiennes.

  • La transition, un enjeu régional

PROTEGE est un projet de coopération régionale qui trouve tout son sens du fait que l’ensemble des Pays et Territoires de la région font face aux impacts du changement climatique. Des échanges de pratiques sont ainsi régulièrement organisés lors d’ateliers regroupant des agriculteurs et techniciens de la région. Les agriculteurs des fermes de démonstration en agroécologie de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis et Futuna se sont ainsi retrouvés à Bourail en octobre 2022 pour échanger sur leurs pratiques et résultats. D’autres actions font également l’objet d’échanges réguliers entre les 3 territoires comme sur l’alimentation animale à base de ressources locales (farine de mouches, coprah…), la régénération des cocoteraies ou encore la valorisation des productions locales via les cantines scolaires.

 

Angèle Armando
Chargée de communication projet PROTEGE, Communauté du Pacifique

Clément Gandet
Coordinateur agriculture et foresterie du projet PROTEGE à la Communauté du Pacifique

 

Article publié dans la Revue juridique, politique et économique de Nouvelle-Calédonie. Numéro 41 | 2023/1. 

 

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Durabilité environnementale et changement climatique

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