Sept ans après la conclusion de l’Accord de Paris, comment la situation a-t-elle évolué pour les États et Territoires insulaires océaniens ?

Nouméa

 

Sept ans après la conclusion de l’Accord de Paris, comment la situation a-t-elle évolué pour les États et Territoires insulaires océaniens ?

L’Accord de Paris a sept ans. Pour les pays insulaires océaniens, cet accord incarnait un double espoir : d’une part, la réduction des effets du changement climatique sur les communautés côtières et leurs moyens de subsistance et, d’autre part, la préservation des ressources naturelles et du patrimoine culturel. Que s’est-il passé depuis pour les États et Territoires insulaires océaniens ? 

Cet accord définit un cadre mondial. L’objectif est d’éviter un changement climatique dangereux en maintenant le réchauffement planétaire bien en dessous de 2 °C et en poursuivant les efforts déployés pour le limiter à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. Il a depuis été confirmé que la cible de 1,5 °C constituait la meilleure option pour éviter de dangereuses perturbations du système climatique et limiter les effets négatifs dans le Pacifique.

Pour les pays insulaires océaniens, qui jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique depuis des décennies, l’affectation de fonds aux initiatives d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets dans les pays en développement constitue un point clé de cet accord. Comme l’a déclaré Bob Loughman Weibur, ancien Premier ministre de Vanuatu, lors d’un webinaire organisé par l’Institut français des relations internationales (IFRI) et la Communauté du Pacifique (CPS) : « Le changement climatique n’est pas un problème de demain. Il constitue déjà la principale menace pour la sécurité et les moyens de subsistance des populations océaniennes. […] Nos économies subissent régulièrement des pertes équivalant à plus de 50 % de notre PIB en raison de phénomènes climatiques extrêmes, ce qui nous fait reculer de plusieurs décennies dans la réalisation de nos objectifs de développement durable. »
 

L’Accord de Paris et les financements climatiques

Les négociateurs des pays insulaires océaniens avaient exhorté les pays développés à respecter leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars pour le financement de l’action climatique dans les pays en développement d’ici à 2020, conformément à l’engagement pris à Cancún en 2012

En 2022, force est de constater que cet objectif n’a pas été atteint. La COP 27 sera donc l’occasion d’« accomplir des progrès plus significatifs face à l’enjeu capital que représente le financement de l’action climatique ». Des engagements ont par ailleurs été pris en faveur d’un doublement des fonds consacrés à l’adaptation et de la définition d’un nouvel objectif collectif de financement.

« De manière générale, il faut dire que les pays océaniens manquent cruellement de capacités et qu’ils peinent, à de nombreux égards, à accéder aux financements climatiques. Nous disposons désormais d’entités accréditées régionales – la CPS et le Secrétariat du Programme régional océanien de l’environnement, par exemple –, mais elles ne peuvent aider les pays à accéder aux fonds et à mettre en œuvre les projets que dans une certaine mesure », explique Espen Ronneberg, Conseiller principal pour les accords multilatéraux relatifs au changement climatique (Communauté du Pacifique).

Adaptation et atténuation : le Pacifique ouvre la voie

Malgré le manque de fonds et les difficultés qu’ils rencontrent pour y accéder, les pays insulaires océaniens ont ouvert la voie et montré l’exemple ces sept dernières années. Sur le plan de l’adaptation, après avoir évalué en détail leur vulnérabilité, ils se sont lancés dans des projets ambitieux, en mettant l’accent sur la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau et la protection des zones côtières. 

Pour ce qui est de l’atténuation, les dirigeants politiques ont pris conscience de l’importance d’être à la pointe du mouvement en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Ils ont ainsi pris des engagements ambitieux pour répondre au changement climatique dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) au travers de la Plateforme des CDN dans le Pacifique. Par exemple, le Samoa s’est engagé à produire 100 % de son électricité à partir de sources renouvelables à l’horizon 2025 et Nauru ambitionne d’aboutir à 100 % d’énergies renouvelables dans son réseau national d’ici à 2050.

Alors que les pays insulaires océaniens se rendent compte que les initiatives d’atténuation prises par la communauté internationale ne sont pas suffisamment ambitieuses, les pertes et préjudices subis présentent des risques considérables pour la région. Des efforts ont déjà été déployés, notamment pour évaluer les capacités nationales et recenser les zones et les infrastructures les plus vulnérables, mais il reste encore beaucoup à faire. Dans cette optique, il faudra débloquer des financements, renforcer les capacités et faciliter l’accès aux technologies.

Ce n’est qu’en accroissant les capacités et en revoyant la manière dont sont mises en œuvre concrètement les initiatives de lutte contre le changement climatique que les Parties pourront emprunter des trajectoires compatibles avec les objectifs fixés dans l’Accord de Paris. C’est pourquoi la communauté internationale doit à présent unir ses forces et apporter un appui aux pays en développement, dans le but de renforcer leurs capacités institutionnelles et de faciliter leur accès aux financements. 

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Envie d’en savoir plus sur le sujet ? Visionnez le webinaire « Changement climatique : le Pacifique insulaire, 7 ans après l’accord de Paris » : cliquez ici

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Division
Durabilité environnementale et changement climatique
Pêche, Aquaculture et écosystèmes marins
Ressources terrestres

Auteur(s)

Maëva Tesan

Chargée de la gestion de l'information, de la communication et des connaissances

Espen Ronneberg

Conseiller, Programme changement climatique et durabilité environnementale (Nouméa)

 

 

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